jeudi 16 février 2012

Game over

Le début de campagne de Sarkozy, ces 15 et 16 février, m'a fait l'effet d'une agression en pleine rue. Le dégoût, l'écœurement. On m'a volé ma voix ! Les voleurs sont déjà bien loin. Médias déjà dissimulés dans des montagnes de lettres ou voguant sur des flots de paroles. Moi qui avait cru qu'ils étaient revenus dans le droit chemin !
J'avais oublié que la politique, c'est aussi la voyouterie, le détournement des règles communes. La passion des médias pour elle s'explique.

J'oublie une chose. Le plus important. Mon souci, ce n'est pas qu'on me vole ma voix, je peux de plein gré la perdre pour un candidat utile. C'est plutôt de pressentir qu'on ne me fera pas justice. Je m'émeus d'une chose aussi anodine que les détournements de l'affiche de Sarkozy. Il y en avait déjà eu plein en 2007. Peut-être aviez-vous vu « Ensemble* tout est possible, *sauf les chômeurs, les musulmans, etc… », ou encore « Votez Le Pen » avec sa photo bordée de noir. La critique a beau être précise, un candidat de gauche a besoin de répondre aux arguments.

Mais rien n'a vraiment changé. Le gars assume un fascisme pragmatique qu'il assumait déjà il y a cinq ans. La psychologie populaire d'aujourd'hui comme d'hier serait d'accord pour dire qu'il faut accepter ce type avec ses tares, mais quelque chose de lancinant nous rend las quand ce même taré vient à demander le trône.

La question revient, c'est celle qu'on pose trop tard : quelle alternative ? Si ce n'est pas une évidence, c'est que la campagne est mal partie. Hollande se repose sur ses lauriers, n'est pas mythifié, le PS n'est pas son parti (puisqu'il est à Mitterrand), bien moins que l'UMP est celui de Sarkozy ou le FN celui de la large famille Le Pen.

À la dernière consultation je m'étais résigné vers le mois de février, déjà, parce qu'un simple calcul pouvait prédire ce qui allait arriver. Royal échouait en rhétorique, c'est-à-dire en tout, Bayrou était profiteur et finalement grande victime du vote utile, les industriels et les désespérés étaient vent debout pour Sarkozy.

Remplaçons Royal par son compagnon et faisons entrer le PS en soins palliatifs (les primaires citoyennes, complètement anti mythe présidentiel). La même chose peut se reproduire. Il ne manque plus que des faux-pas.

Nuançons. Cohn-Bendit avait prédit une victoire de la gauche aux législatives même en cas de victoire de Sarko. On peut croire qu'il y aura un peu de gâteau quand même. Des miettes : avec une réélection en mai, quoi qu'il arrive, bonjour la règle d'or, au revoir le retour à un État-providence et nos hommages au racisme ordinaire !

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