jeudi 12 avril 2012

Fin du blog ; questions ouvertes

Il suffisait de ne plus croire aux dogmes de la Ve République pour les faire tomber. Parti-présidentiel, chef au-dessus des partis, tout cela vole en éclats maintenant.

Les signes d'un changement étaient déjà palpables, mais ils ne sont pas pour autant des bons signes.
  • cause no 1 : le passage au quinquennat et de son rythme effréné rend difficile la création d'un mythe présidentiel. 
  • cause no 2 : Les partis n'ont pas le temps de se tester électoralement.
  • cause no 3 : notre époque, avec une idéologie économique dominante mal combattue, a de quoi rendre les citoyens quelque peu cyniques face aux changements qu'on leur vend -- Sarkozy représente la transition, sans doute
Signes, avantages et problèmes :
  • Les think tanks (laboratoires d'idées) qui sont apparus dans les années 90 ont pris une grande importance, comme si on préférait prolonger plus loin encore la compétition entre deux camps, au niveau des haut-fonctionnaires. Cela permet, j'imagine, de tester plus d'idées d'une décennie et d'un  à une autre.
  • Surtout, ces labos d'idées sont le signe d'une remise en cause permanente pour actualiser les plate-formes des partis. Et non plus les révolutionner avec l'arrivée d'un nouveau chef, qui De Gaulle, qui Chirac, qui Sarkozy. Le changement est plus doux, mais peut-être aussi moins démocratique.



Reste donc à faire les changements constitutionnels et institutionnels qui s'imposent pour assurer une forme responsabilité devant le Parlement.

mardi 21 février 2012

  En écrivant ici que le meilleur pour le socialisme français est la mort du P.S., il ne s'agit pas de se trouver des excuses pour ne pas voter à gauche…

  Notre hypothèse est la suivante : étant donné (1) qu'un parti sert à développer une plateforme politique et que (2) notre régime demande un chef, on s'aperçoit que les faiblesses du P.S. résident dans le (2) malgré les bonnes volontés programmatiques (1). À l'évidence, il est toujours le parti de Mitterrand et n'aurait pas dû survivre après la mort politique de ce dernier. Qu'il y ait malgré tout victoire, cela ne change pas que dans les deux cas la joie ne peut être au rendez-vous. Les symptômes s'accumulent : 
  • il ne peut pas y avoir de démocratie interne au parti qui ne profite pas d'avance au chef, pas de discours qui ne soit mythique
    • preuve : les courants du P.S. se disputent les places depuis la fin des années 1980 sans avoir compris que leur existence présuppose un chef de toutes les factions, système qu'avait parfaitement compris Mitterrand, cf son travail de présidentialisation entre 1965 et 1981 ;
  • les « partis-présidentiels » prévoient l'arrivée au pouvoir autour d'un Chef, mais pas la sortie du pouvoir, d'où les graves crises de génération au P.S. :
    • preuve : nous sommes encore, en 2012 devant le spectacle de mitterrandiens de la première heure, devenus vieillards, voulant à tout prix conserver leur circonscription, même s'ils n'ont plus rien à voir avec la ligne du parti
  • Mitterrand, et personne d'autre, est le chef actuel du P.S.
    • signe : on continue les références à Mitterrand, à chaque janvier de sa mort et après encore,  or Mitterrand n'est pas comparable idéologiquement à notre époque (il a d'ailleurs connu lui-même plusieurs époques) ; toute comparaison amène alors à remarquer que Mitterrand avait mieux réussi que tous les autres l'Union de la Gauche, qu'il est là sans être là (ministres inoubliables, structure du parti)
  • le parti n'attire ni les jeunes (preuve MJS toujours aussi ringard), ni les femmes (signe cf des circonscriptions réservées aux femmes où aucune ne se présente), ni les actifs (preuve cf parterres de réunions), et relativement peu d'enfants d'immigrés, sauf peut-être quelques uns montant l'échelle sociale ;
  • avec ses défaites aux présidentielles, le parti a pu « remporter » toutes les élections au niveau local (2001, 2004, 2008, 2010, 2011) mais chacun sait que c'est par défaut, simplement parce qu'il est le seul parti d'opposition, et non parce qu'il arrive à diffuser ses idées ;
    • preuves en sont : en 2011 le FN est devenu par endroits la première opposition ; ailleurs ces victoires au local se font dans l'abstention généralisée, sinon par la grâce d'un mode de scrutin qui permet l'alliance avec les écologistes ou le Front de Gauche
  • le P.S. est idéologiquement incohérent, à cause d'absence de chef
    • pas de chef pas d'ordres pas de sous-fifres : un parti permet d'élaborer et de diffuser un programme, et il faut alors un chef pour l'arbitrer et l'incarner ; or Hollande a dû passer plusieurs filtres qui lui ont rendu la tâche complexe, si bien qu'il ne sait trop quoi dire, comme ses chers militants
    • dans la gestion : Les premier-secrétariats de François Hollande (1997-2008) ou de Martine Aubry (2008-) n'ont pas fait d'eux des chefs évidents. Ils étaient au-dessus des motions, parce qu'ils proposaient des plus petits dénominateurs communs.
  • le P.S. ne peut pas connaître une autorité neutre, car toute autorité est élue en interne
    • preuve : les corrompus de Marseille furent des soutiens cruciaux pour Martine Aubry, laquelle en retour blanchit les mêmes corrompus de Marseille, lesquels lui renvoient l'ascenseur lors des Primaires
    • 2e preuve : récemment c'est la fédération du Nord qui est mise en cause
  • la seule autorité qui apporte de la fraîcheur provient d'un élément externe : les fondations ou les médias
    • fondations : La délégation croissante de la réflexion à des groupes de pensées : Fondation Jean-Jaurès (depuis 1992), À gauche en Europe (2003) et surtout Terra Nova (2008). Encore une fois, tout cela sort dans les médias, permet de jauger la popularité d'une idée, mais si elle l'est elle ne peut profiter au chef.
    • dans les médias : Montebourg a compris l'importance du coup médiatique en portant des projets qui sont indiscutables de l'extérieur : s'opposer au non-cumul des mandats, à l'ouverture du processus de choix à tous les citoyens (primaires), c'est être un arriériste dans le parti (à éliminer) ou un arriériste hors du parti (qui n'a rien à dire)
  • avec ces éléments externes pour béquilles, le P.S. n'est plus maître de lui-même
    • dans les médias : les primaires de 2006 et 2011 ont désigné vainqueur le favori des sondages, ce qui est à la fois une prudence de l'électorat bien normale, mais aussi un problème quand on voit comment cela finit (vacuité de Royal, duplicité de Hollande)
    • à la vue de tous ces sondages présidant une victoire de Hollande, on pourrait douter de la gravité des tares du P.S. énoncées ici ; disons en tout cas que, comme le parti est mal organisé, il ne peut pas agir ; Hollande ne se repose pas sur ses lauriers par stratégie, mais parce qu'il ne peut presque rien oser sans se mettre à dos un camp ou un autre
  • de par sa faiblesse le parti ne peut pas par conséquent assurer le retour d'un socialisme au pouvoir en France ; ce sera un parti dirigé de l'extérieur, sinon par un chef sans maîtrise, sinon sans appuis. Le travail de propagande est lacunaire, personne ne peut citer plusieurs mesures phares du projet ; l'anti-sarkozysme se répand dans n'importe quelle situation sociale, mais répandre l'espoir du P.S., c'est une autre affaire

jeudi 16 février 2012

Game over

Le début de campagne de Sarkozy, ces 15 et 16 février, m'a fait l'effet d'une agression en pleine rue. Le dégoût, l'écœurement. On m'a volé ma voix ! Les voleurs sont déjà bien loin. Médias déjà dissimulés dans des montagnes de lettres ou voguant sur des flots de paroles. Moi qui avait cru qu'ils étaient revenus dans le droit chemin !
J'avais oublié que la politique, c'est aussi la voyouterie, le détournement des règles communes. La passion des médias pour elle s'explique.

J'oublie une chose. Le plus important. Mon souci, ce n'est pas qu'on me vole ma voix, je peux de plein gré la perdre pour un candidat utile. C'est plutôt de pressentir qu'on ne me fera pas justice. Je m'émeus d'une chose aussi anodine que les détournements de l'affiche de Sarkozy. Il y en avait déjà eu plein en 2007. Peut-être aviez-vous vu « Ensemble* tout est possible, *sauf les chômeurs, les musulmans, etc… », ou encore « Votez Le Pen » avec sa photo bordée de noir. La critique a beau être précise, un candidat de gauche a besoin de répondre aux arguments.

Mais rien n'a vraiment changé. Le gars assume un fascisme pragmatique qu'il assumait déjà il y a cinq ans. La psychologie populaire d'aujourd'hui comme d'hier serait d'accord pour dire qu'il faut accepter ce type avec ses tares, mais quelque chose de lancinant nous rend las quand ce même taré vient à demander le trône.

La question revient, c'est celle qu'on pose trop tard : quelle alternative ? Si ce n'est pas une évidence, c'est que la campagne est mal partie. Hollande se repose sur ses lauriers, n'est pas mythifié, le PS n'est pas son parti (puisqu'il est à Mitterrand), bien moins que l'UMP est celui de Sarkozy ou le FN celui de la large famille Le Pen.

À la dernière consultation je m'étais résigné vers le mois de février, déjà, parce qu'un simple calcul pouvait prédire ce qui allait arriver. Royal échouait en rhétorique, c'est-à-dire en tout, Bayrou était profiteur et finalement grande victime du vote utile, les industriels et les désespérés étaient vent debout pour Sarkozy.

Remplaçons Royal par son compagnon et faisons entrer le PS en soins palliatifs (les primaires citoyennes, complètement anti mythe présidentiel). La même chose peut se reproduire. Il ne manque plus que des faux-pas.

Nuançons. Cohn-Bendit avait prédit une victoire de la gauche aux législatives même en cas de victoire de Sarko. On peut croire qu'il y aura un peu de gâteau quand même. Des miettes : avec une réélection en mai, quoi qu'il arrive, bonjour la règle d'or, au revoir le retour à un État-providence et nos hommages au racisme ordinaire !

vendredi 20 janvier 2012

Les gens sont

naturellement conservateurs ils ne veulent pas que la foule politique se jette sur eux. Un candidat qui défend cette foule devant l'électorat ne peut le conquérir qu'en posant ses conditions.

Il est fondamentalement impossible, quand on est un candidat de gauche, de faire une campagne attentiste.

Un socialiste ne défend pas le plus petit commun dénominateur qui permet de remporter une élection.

Il a besoin d'élaborer un système, sinon complexe, en tout cas persuasif, qui permet à chaque électeur de croire un peu plus en la politique ou en l’État.

Donc Hollande, perdra l'élection ou deviendra de droite, C.Q.F.D.

mardi 27 décembre 2011

Les huit adversaires du PS (et comment il eut fallu les combattre)

« Je n'ai qu'un adversaire, c'est Nicolas Sarkozy »

François Hollande, 12 octobre, au 20 heures de France 2, dans l'entre-deux-tours


Le Parti socialiste est à l'unisson face à son adversaire, répète-t-on aujourd'hui comme une sourate. Seulement, cet adversaire, quel est-il ? Est-ce Sarkozy ? Cela n'est pas le plus important, car il faut surtout sortir du lot des opposants ; à droite, ils sont sept, et deux peuvent accéder au second tour. Qu'est-ce qui distingue Hollande de Bayrou, de Le Pen ? Il faut, dans le jeu politique, réussir à maîtriser la quatrième dimension, celle du temps, et prévoir le créneau dans lequel tel adversaire petit ou grand se répètera. Se répètera ou dira des conneries, pour reprendre le célèbre adage de Mitterrand.


Morin et Boutin devraient revendre leurs centièmes d'électorat convaincus contre la promesse de deniers publics plus intéressants à leurs yeux de ploutocrates que la gloire intellectuelle ; Nihous, comme tous les principicules de droite, devrait jouer une partition clientéliste et avilissante ; Le Pen tirera encore plus la raison humaine vers le bas en produisant une série de paradoxes populaires (qui lui plomberont l'accès au second tour quoi qu'on en dise) mais sa dé-diabolisation prépare surtout les législatives où le FN tentera une alliance avec des partis bourgeois avant la sécession des nazillons. Dupont-Aignan, en spéculant sur la faiblesse de l'Euro, se créera une popularité bien utile pour plus tard (lui qui n'avait pas écrit le mot « justice » dans son programme de 2007) ; Villepin se veut christique mais il a surtout besoin de créer un mythe autour de sa personne pour faire oublier ses casseroles, sa stratégie est post-sarkozyste ce qui n'empêchera pas Sarkozy de se lancer bien après lui.

Si l'on y réfléchit, ces six candidats à la droite de Bayrou ne peuvent pas arriver au second tour parce qu'ils ne le veulent pas. Ils préparent tous l'après-Sarkozy, ce qui est raisonnable puisqu'il y a des postes locaux à promettre, toutes les élections locales sont en 2014 et elles seront anti-gouvernement, donc férocement anti-centre-gauche si Hollande puis le PS-EELV gagnent, mais aussi anti-UMPS si Sarkozy se maintient dans une cohabitation.

Or, selon la rumeur contrôlée ou au vu de l'absence médiatique des grands ministres, Sarkozy commencera le plus tard sa campagne pour se présenter en rassembleur à la manière de Mitterrand en 1988. « Sarkozy rassembleur », cela semble tellement incongru de le dire, et pourtant, celui-ci fait le pari qu'aucun de ses différents adversaires ne s'extraira de la campagne avant lui. Rassembleur face à l'extrême-droite qui a chassé le naturel, et face à la gauche érodée par le pouvoir local et qui tend presque autant au désespoir en la politique que la droite.

L'espoir. Voilà la césure majeure entre Hollande et tous ceux à sa droite : on peut payer ce qu'on promet, on peut passer des traités avantageux, on peut prétendre à améliorer nos vies malgré une croissance faible ou absente, on peut donner plus de chances à nos enfants, on peut sans exclusive donner ses chances à tout le monde. Seulement Hollande se défend peu, se modère, semble douter ; d'autant plus que son parcours de Parisien, d'énarque puis d'apparatchik ne va pas dans le sens d'un prophète.
 
C'est la césure qui transparait le plus à la vision d'un Montebourg et d'un Bayrou discutant sur un plateau de télévision : les agences de notation, on peut ou on ne peut pas s'y opposer. C'est bien évidemment le moteur de l'extrême-droite, désespérée au point de laisser tomber les idéaux de liberté, de démocratie et d'égalité.

Et c'est le slogan de la campagne d'Obama (ces paragraphes étaient-ils par lui subconsciemment menés ?). Ses trois ans de Présidence face à un Congrès désespérant nous montrent aussi que la question de l'espoir est surtout formelle. Une fois avoir placé aux commandes des optimistes, le désespoir ne s'estompe pas, il progresse. Les partisans de Mitterrand s'en souviennent aussi.

L'adversaire de Hollande, c'est le désespoir, et cela semble comme la quadrature du cercle s'il réussissait à démontrer que ce dont se plaignent les 8 candidats de droite, c'est d'elle-même, c'est de son désespoir qui lui fait oublier tous les idéaux de justice dont nous avons besoin en ces temps, prête à se soumettre au pouvoir anglo-saxon, allemand, boursier, patronal ou épicier. Idéaux de justice que Hollande se doit d'incarner à l'aide d'un mythe, s'il ne le peut naturellement.

C'est pour cela aussi qu'il n'y a pas qu'un seul adversaire pour Hollande, mais bien 8, et les plus venimeux n'attendront pas le mois de mars pour faire comprendre à qui le veut, que le programme socialiste est irréaliste (opinion de 75% d'un échantillon de Français interrogés en novembre), irréalisable ou idéal. Plus encore, face à l'objection de sérieux qu'apportera le PS, l'extrême-droite assimilera le PS à l'UMP (c'est tellement plus facile d'être un clown). Si on objecte qu'il faut réfléchir, le PS ne gardera que les intellos, ou ceux qui se croient tels. Moscovici est inquiétant dans son genre, il veut décrédibiliser le projet du FN mais pour donner des leçons il faut être propre sur soi.

Instiller de l'espoir, François, c'est ne pas être velléitaire dans une situation où des décisions s'imposent.

« Je ne me livre en ce qui me concerne à aucune phrase qui puisse être utilisée demain par notre adversaire, parce qu'il le fera »
François Hollande, 11 octobre, au 20 heures de TF1, dans l'entre-deux-tours

samedi 24 décembre 2011

Ahem. Montebourg, trop visionnaire.

Montebourg à GQ« Je vais lancer mon propre mouvement en janvier et faire campagne. Le nom n’est pas encore arrêté. Ce mouvement sera inspiré de la candidature de Barack Obama et de la gauche italienne qui a su se restructurer. Il s’agit de soutenir la candidature de François Hollande, d’envoyer monsieur Sarkozy en retraite anticipée mais aussi de bousculer le PS tombé dans le formol ! »

Montebourg a peut-être compris quelque chose, mais s'il la joue perso en créant son propre parti-présidentiel pour les présidentielles de 2017, c'est un grave revirement de sa stratégie, qui du coup ne risque pas de payer pour Hollande.
Montebourg a passé son temps à ravaler la façade du PS, ce qui est assez contre-nature ; il y a eu des victoires, mais il y a tellement de batailles que seul un mouvement radical, anti-PS, peut avoir des effets radicaux.
On peut en effet désespérer en voyant les députés mitterrandiens de la première heure se battre à mort pour garder leur circonscription.
Montebourg supporterait Hollande tout en préparant sa sortie du PS ? Ça peut marcher ça ?

Parce que créer un nouveau machin à gauche, c'est bien le principe, mais si le PS ne tombe pas, ce sera sans effet. C'est bien eux le problème.
Cela me fait penser à Marcel Barbu qui disait ceci de Mitterrand dans Le Monde du 20 novembre 1965, p. 2 :
« [il est] prisonnier de plusieurs partis dont chacun s'est juré la mort de l'autre »
 (je n'ai pas pu vérifier la citation dans des archives, mais elle est ici).

 En l'occurrence il s'agissait du rassemblement de la gauche non-communiste dans le FGDS. Il y avait 5 partis, la vieille SFIO, les radsocs, le CIR de Mitterrand, et les partis de Poperen et Savary. Seul un parti survivra, la SFIO, sous le nouveau nom de Parti socialiste, intégrant la plupart des membres des autres partis de la FGDS. C'est seulement une fois que Mitterrand prend le pouvoir que le parti est fonctionnel, s'adapte à la Ve et peut créer le mythe Mitterrand.

 Hollande qui a déjà des problèmes à faire comprendre que sa ligne n'est ni celle du PS, ni celle du PS-EELV, ni celle d'EELV, ni celle du MoDem ou de l'UMP, celui-là donc, va devoir faire croire que Montebourg le soutient corps et âme et qu'il partage ses idées, mais pas toutes, mais qu'il est content de son soutien.
 Dommage que Montebourg veuille être Président au détriment de Hollande. Il aurait donc commis des crimes graves que nous devrions oublier ?

vendredi 16 décembre 2011

Pas d'élection sans peur

La peur est le premier moteur de l'élection. On aura beau faire des comptes-rendus administratifs comme on apprend à l'École nationale d'administration, les sympathisants s'en vont vers ceux qui vainquent leurs peurs. Même si elles sont complètement farfelues.

Il est bien clair que les campagnes présidentielles de 2002, sur le thème de l'insécurité, de 2007, sur la peur de ceux que le système désigne comme fainéants, ont obligé le candidat du Parti à se positionner par rapport à ces peurs (en particulier avec la faiblesse idéologique de S. Royal), ou bien au risque de perdre. On oublie que Jospin a aussi perdu face à l'ancien ministre de l'Intérieur Chevènement (5 p. 100) plus encore que contre Le Pen.

Liste des peurs autorisées en 2012 ou bien intemporelles et ceux que cela profite
  • peur de la dette : centre-droit, droite
  • peur de l'islam : sarko-lepénistes
  • peur de la déchristianisation : sarko-lepénistes
  • peur d'Allah : abstention (= tous ceux qui n'ont pas peur)
  • peur du nationalisme : europhiles
  • peur de la bureaucratie : conservateurs ou tout autre parti que le PS (car associé)
  • peur des impôts : sarko encore que chez certaines corporations : lepénistes
  • peur du déclassement social : en fonction de certaines déterminations
    • gros cons (Sophia Aram) : lepénistes, ou populistes de droites
    • milieux populaires hors catégorie suscitée : extrême-gauche
    • bobos, selon les catégories protégées : conservateurs, socialistes et écolos
  • peur de l'inconnu : politiciens opportunistes
  • peur du changement climatique : écolos, socialistes (sous réserve), gauche étatiste, centre-droit dont borloo
  • peur du ridicule : grands partis de masse (FN ou abstention, PS ou UMP selon la mode)
  • peur d'être démodé : dans la collection Printemps/Été 2012, on trouve chez les plus vieux les écolos et chez les tous jeunes rebelz, le lepénisme ; mais le top de la distinction NTIC, c'est de voter pour les meilleurs candidats twittos ...
  • peur de la fin du monde imminente : paradoxalement, tous ceux qui ressassent les vieilles idées, histoire d'être sûrs que la cause prenne son effet...
Comme on le voit, les peu de fois où le PS arrive à être sur un ce que nous appellerons une "offre phobique" (quoi... faut bien trouver un nom), il se trouve contesté. Il n'est pas LE must pour qui voter.

Bien sûr, on peut objecter : c'est le parti qui prétend au plus de justice sociale. À la meilleure redistribution. Il n'est pas à court de bonnes idées sur l'éducation, la santé, et il tente de concrétiser certains grands rêves écologiques.

Il n'empêche.

5 mois avant l'élection, Hollande commence tout juste à amender la plateforme du PS, là où, dans l'équilibre des partis-présidentiels des années 1970 à 1990, il fallait pour concevoir un projet victorieux des années. Chirac qui certes revenait de loin a mis 20 ans (1976-1995). Depuis la vie politique est plus rapide, mais ce n'est pas suffisant. Hollande, jamais ministre, a-t-il droit à un plus court chemin simplement parce que proche du centre ? À ce petit jeu là, à la première série d'erreurs c'est Bayrou qui remportera la grosse mise de la gauche aux primaires...

Peut-on penser à des peurs qui devraient vraiment profiter à un parti de gauche stable ? (en gras ceux jugés vraiment percutants)
  • peur d'une régression sociale
  • peur que le patronat national, européen et international dicte sa loi
  • peur que la France ne soit plus un bon exemple de bien-être (aux yeux des nouveaux pays développés)
  • peur que la démocratie soit bafouée ou limitée
  • peur d'une aggravation de la situation économique et sociale des immigrés, noirs ou musulmans
  • peur que les immigrés rejetés finissent par se défendre via un communautarisme
  • peur des réformes de la justice avec lesquelles le Parquet perd de son indépendance
  • peur que l'école ne serve vraiment plus à rien à nos enfants, ou que son organisation reste aussi injuste
  • peur que nos enfants deviennent des crétins assermentés par une É.N. ou un enseignement supérieur mercantiles
  • peur que la ségrégation sociale dans les villes et les écoles ne mène à des incompréhensions encore plus graves que celles d'aujourd'hui
  • peur que les problèmes de manque d'emplois, de risques de perte d'emplois, etc. ne soient pas résolus
  • peur que les problèmes au travail, chez les cadres
En listant ces peurs je me suis aperçu que j'ai mis du temps à trouver quelque chose de vraiment percutant. Et encore, il a fallu que je cherche chez moi ou que j'invente un peu sur l'immigration musulmane, puisqu'on n'entend jamais le PS là-dessus, à mots voilés ou non. On remarquera : le PS non, des élus socialistes, plein !
  Est-ce à cause de 21 ans (= Congrès de Rennes, 1990) d'un PS vide de sens qu'on a, entre la ligne du parti et le trait dessiné à la craie de ses politiciens, toujours un fossé ?