vendredi 16 décembre 2011

Pas d'élection sans peur

La peur est le premier moteur de l'élection. On aura beau faire des comptes-rendus administratifs comme on apprend à l'École nationale d'administration, les sympathisants s'en vont vers ceux qui vainquent leurs peurs. Même si elles sont complètement farfelues.

Il est bien clair que les campagnes présidentielles de 2002, sur le thème de l'insécurité, de 2007, sur la peur de ceux que le système désigne comme fainéants, ont obligé le candidat du Parti à se positionner par rapport à ces peurs (en particulier avec la faiblesse idéologique de S. Royal), ou bien au risque de perdre. On oublie que Jospin a aussi perdu face à l'ancien ministre de l'Intérieur Chevènement (5 p. 100) plus encore que contre Le Pen.

Liste des peurs autorisées en 2012 ou bien intemporelles et ceux que cela profite
  • peur de la dette : centre-droit, droite
  • peur de l'islam : sarko-lepénistes
  • peur de la déchristianisation : sarko-lepénistes
  • peur d'Allah : abstention (= tous ceux qui n'ont pas peur)
  • peur du nationalisme : europhiles
  • peur de la bureaucratie : conservateurs ou tout autre parti que le PS (car associé)
  • peur des impôts : sarko encore que chez certaines corporations : lepénistes
  • peur du déclassement social : en fonction de certaines déterminations
    • gros cons (Sophia Aram) : lepénistes, ou populistes de droites
    • milieux populaires hors catégorie suscitée : extrême-gauche
    • bobos, selon les catégories protégées : conservateurs, socialistes et écolos
  • peur de l'inconnu : politiciens opportunistes
  • peur du changement climatique : écolos, socialistes (sous réserve), gauche étatiste, centre-droit dont borloo
  • peur du ridicule : grands partis de masse (FN ou abstention, PS ou UMP selon la mode)
  • peur d'être démodé : dans la collection Printemps/Été 2012, on trouve chez les plus vieux les écolos et chez les tous jeunes rebelz, le lepénisme ; mais le top de la distinction NTIC, c'est de voter pour les meilleurs candidats twittos ...
  • peur de la fin du monde imminente : paradoxalement, tous ceux qui ressassent les vieilles idées, histoire d'être sûrs que la cause prenne son effet...
Comme on le voit, les peu de fois où le PS arrive à être sur un ce que nous appellerons une "offre phobique" (quoi... faut bien trouver un nom), il se trouve contesté. Il n'est pas LE must pour qui voter.

Bien sûr, on peut objecter : c'est le parti qui prétend au plus de justice sociale. À la meilleure redistribution. Il n'est pas à court de bonnes idées sur l'éducation, la santé, et il tente de concrétiser certains grands rêves écologiques.

Il n'empêche.

5 mois avant l'élection, Hollande commence tout juste à amender la plateforme du PS, là où, dans l'équilibre des partis-présidentiels des années 1970 à 1990, il fallait pour concevoir un projet victorieux des années. Chirac qui certes revenait de loin a mis 20 ans (1976-1995). Depuis la vie politique est plus rapide, mais ce n'est pas suffisant. Hollande, jamais ministre, a-t-il droit à un plus court chemin simplement parce que proche du centre ? À ce petit jeu là, à la première série d'erreurs c'est Bayrou qui remportera la grosse mise de la gauche aux primaires...

Peut-on penser à des peurs qui devraient vraiment profiter à un parti de gauche stable ? (en gras ceux jugés vraiment percutants)
  • peur d'une régression sociale
  • peur que le patronat national, européen et international dicte sa loi
  • peur que la France ne soit plus un bon exemple de bien-être (aux yeux des nouveaux pays développés)
  • peur que la démocratie soit bafouée ou limitée
  • peur d'une aggravation de la situation économique et sociale des immigrés, noirs ou musulmans
  • peur que les immigrés rejetés finissent par se défendre via un communautarisme
  • peur des réformes de la justice avec lesquelles le Parquet perd de son indépendance
  • peur que l'école ne serve vraiment plus à rien à nos enfants, ou que son organisation reste aussi injuste
  • peur que nos enfants deviennent des crétins assermentés par une É.N. ou un enseignement supérieur mercantiles
  • peur que la ségrégation sociale dans les villes et les écoles ne mène à des incompréhensions encore plus graves que celles d'aujourd'hui
  • peur que les problèmes de manque d'emplois, de risques de perte d'emplois, etc. ne soient pas résolus
  • peur que les problèmes au travail, chez les cadres
En listant ces peurs je me suis aperçu que j'ai mis du temps à trouver quelque chose de vraiment percutant. Et encore, il a fallu que je cherche chez moi ou que j'invente un peu sur l'immigration musulmane, puisqu'on n'entend jamais le PS là-dessus, à mots voilés ou non. On remarquera : le PS non, des élus socialistes, plein !
  Est-ce à cause de 21 ans (= Congrès de Rennes, 1990) d'un PS vide de sens qu'on a, entre la ligne du parti et le trait dessiné à la craie de ses politiciens, toujours un fossé ?

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